Jour 04: Can tho – Ho Chi Minh Ville ( B,L )
16/03/2009
(Départ matinal pour le marché flottant de Cai Rang. Ambiance très animée: des milliers de bateaux se rassemblent au confluent de la rivière Hau ( un bras principal du Mékong) pour d'intenses échanges commerciaux. Après le déjeuner (la spécialité du Mekong, le poisson "oreille d'éléphant") retour à Ho Chi Minh Ville.)
Rom a demandé que nous soyons prêts de bonne heure pour
visiter le marché flottant avant la ruée des cars touristiques. Alors nous
avons mis nos réveils à sonner. 6 heures 30… dur, dur. Nous serions bien resté
couchés. Mais nous ne sommes pas venus jusqu’ici pour flemmarder. Alors nous voilà
installés autour d’une table ronde dans la salle du restaurant, à boire du café
noir très fort, et à dévorer les fruits, les tartines, et pour ceux qui aiment,
une variété de plats chauds ou froids dignes d’un repas de midi. Et puis ce fut
le départ. A pied nous avons rejoint l’embarcadère où Rom avait négocié pour
nous un petit bateau. Et nous nous sommes retrouvés soudain tous les six, le
pilote, nous et le guide, à nous faufiler entre les barques et les sampans du
marché sur l’eau. Spectacle en soi, ces enchevêtrements de coques couvertes de
fruits, de légumes et de tout ce qui peut se vendre sur un marché. Et nos
objectifs ne savaient plus où donner du grand angle et du zoom. Nous étions
comme des fous, à chercher quel sourire de femme, quel regard d’homme, quelle
posture, quelle couleur, pourraient rendre cette impression que nous avions
d’être au cœur de cette vie là. Nous nous sommes arrêtés un moment pour
déguster, sur une de ces embarcations, un ananas que le vendeur a préparé pour
nous. Sa perche ne portait que ça : un ananas. Il ne vendait que ça :
des ananas. Car il faut que je vous dise. Sur les photos, regardez les perches
dressées à la proue ou à la poupe des navires. Elles sont comme le catalogue de
ce que l’on trouve en vente à bord.
Comme nous étions bien sur l’eau, nous sommes partis à
remonter un des canaux qui débouchent sur le fleuve, un arroyo comme ils les
appellent. Après nous être glissé sous le pont au tirant d’air si bas qu’il a
fallu démonter un peu la bâche qui nous protégeait du soleil , nous avons
commencé à remonter entre deux rives verdoyantes où se bousculaient les
vergers, au milieu desquels surgissait parfois une maison avec des gens
affairés, dans le calme extraordinairement doux d’une nature luxuriante et
généreuse. L’eau, ici, est un lieu de vie. Les gens y lavent leurs vêtements, y
préparent leurs salades, se nettoient ou s’y baignent, y pêchent bien sûr.
Au bout de cette promenade, nous nous sommes arrêtés pour
visiter un de ces vergers magnifiques et nous avons pu découvrir, avec Rom, les
fruits et les fleurs qui y poussaient et puis, ensuite, les goûter, les uns
comme les autres. Autour de nous, les gens qui vivent ou travaillent là,
toujours chaleureux et bienveillants, nous offrent la possibilité de boire un
thé, de déguster un fruit ou de nous asseoir un moment. Mais il nous faut
repartir, au fil de l’eau, dans cette quiétude bienheureuse.
Alors que nous débouchons sur le fleuve, Rom nous explique
qu’il a organisé, avec le patron du bateau et le chauffeur de notre minibus,
une traversée et un rendez-vous sur l’autre rive qui nous évitera une longue
attente au bac. C’est pour nous l’occasion de nous sentir une nouvelle fois
tout petits au milieu de ce géant magnifique qu’est le Mékong, couvert de
jacinthes d’eau dérivant au milieu des barques et des cargos.
L’apparition, au loin, des gigantesques piliers du futur
pont haubané qui supprimera les tracas et les attentes interminables aux bacs
est l’occasion d’un échange avec Rom sur la différence entre les ponts haubanés
et les ponts suspendus. Dessins à l’appui, nous nous comprenons bien.
A l’arrivée sur l’autre rive, comme prévu, le chauffeur nous
attend et nous repartons pour Ho Chi Min. Nous sommes environ à vingt minutes
de notre hôtel quand la pluie arrive soudainement. Pluie tropicale chaude mais
violente. Le spectacle des deux roues qui arrivent de partout, avec des pilotes
couverts de pèlerines cyclistes en tout genre, avec des passagers cachés sous
leurs pans, dont on ne voit plus que les jambes pendantes, est hallucinant.
L’eau n’arrive pas à s’évacuer et forme des ruisseaux qui s’élargissent en
nappes profondes sur la chaussée ; Et tout ce petit monde motorisé semble
ignorer ces avatars. Les trajectoires continuent de se frôler, de se croiser,
de s’éviter. La nuit tombée rapidement ne change rien à l’affaire et le ballet
des phares, ponctué de coups de klaxon, n’en est que plus étrange tandis que
les pilotes des engins et leurs compagnons ou leur famille ont complètement
disparu sous de fantomatiques vêtements de pluie colorés et flappant avec le
vent de la vitesse.
Et puis la pluie s’arrête, comme elle a commencé, d’un coup.
Nous arrivons à notre hôtel. Quelques gouttes qui n’ont pas entendu l’ordre de
cesser continuent de venir mourir sur le pare brise. Alors notre chauffeur
s’évertue à glisser le minibus le plus loin possible sous l’avancée de l’hôtel.
Quand je vous dis que les gens sont adorables au Vietnam.
Après avoir fait une courte pause, pris une douche, mis les
batteries en charge et s’être connecté à Internet, nous partons à la recherche
du restaurant où nous avions fait faire une réservation en arrivant tout à
l’heure. Jean Luc, le plan à la main est, comme toujours dans ces situations,
impérial et nous y conduit sans coup férir. Nous ne sommes pas déçu. Le
restaurant, apparemment très connu des vietnamiens, est une mine d’or pour qui
veut découvrir les multiples facettes de la cuisine du pays. Un vrai régal.
Parce qu’il faut bien digérer un peu, notre retour
s’effectue avec maints détours. Même à cette heure tardive, nos traversons des
marchés animés.
Quand on se couche, on dort. Enfin, certains. J’en suis.