Jour 06: Da Lat – Buon Me Thuot(B,L,D)
18/03/2009
(Route par les Haut
Plateaux du Centre : cette région, découverte par le Docteur Yersin au
début du 19ème siècle, borde le Laos et s’étend le long de la
Cordillère Annamitique.
Transfert au lac Lak, village habité par l’ethnie
Mnong, une ethnie importante du Haut Plateau. Nuit chez l’habitant dans une
maison sur pilotis.)
La nuit a été bonne et la migraine a quitté la tête de
Martine. C’est donc dans une très bonne humeur que nous nous retrouvons à la
table d’hôtes, avec une jeune femme d’origine canadienne qui voyage apparemment
seule mais qui semble avoir retrouvé là un compagnon. Le petit déjeuner est à
la hauteur de ce que nous avons connu jusque là et c’est en pleine forme que
nous partons visiter le marché de Da Lat, bonne occasion pour nous de faire des
photos, évidemment. Et puis nous reprenons le bus qui nous emmène à la porte du
jardin botanique en suivant les bords du lac. On pourrait presque se croire à
Annecy, avec les palmiers en plus. La visite du jardin est intéressante et
Martine relève des noms de plantes et se renseigne abondamment.
Plus loin, sur la route, Rom fait s’arrêter le chauffeur et
nous découvrons un site incroyable où l’on trouve à la fois des sculptures, des
peintures, mais aussi, et j’ai envie de dire, surtout, des broderies d’une
beauté et d’une finesse d’exécution à couper le souffle. Ce que nous trouvons
unanimement extraordinaire, ce sont des paravents faits d’une soie transparente
sur laquelle sont brodés des motifs floraux. C’est d’une élégance incroyable. Les hôtesses du lieu le sont tout autant, dans
leurs costumes traditionnels roses, blancs ou rouges.
Ce soir, nous allons passer notre première nuit chez
l’habitant et j’appréhende un peu. Mais la route, très tortueuse, se laisse
oublier tant les paysages traversés sont variés. C’est l’occasion de saisir à
la volée des images d’habitations très diversifiées. On trouve successivement
une maison dont les murs sont faits de feuilles tressées tandis qu’un peu plus
loin une maison spacieuse, construite en dur, arbore un magnifique crépi bleu
clair. Et puis, plus loin encore, une maison tout faite de planches et couverte
d’un toit de tôles ondulées. Nous traversons des villages dont la rue
principale ressemble presque toujours à un marché tant les commerces se
succèdent les uns aux autres. Notre route s’élève à flanc de montagne et nous
découvrons des lacs, des rivières et … des rizières, bien sûr.
Enfin, nous retrouvons notre Guide locale qui se désespérait
de notre retard en patientant gentiment au bord de la route. Elle monte à
l’avant, Rom se joint à nous ; à l’arrière et nous voilà repartis pour les
derniers kilomètres qui vont nous amener chez les M’nongs. Mais, avant d’entrer
dans le village, nous nous arrêtons prêt d’un bâtiment aux allures modernes
dans lequel, bien qu’il soit bientôt 14 heures, notre repas de midi nous
attend. Nous sommes installés dans une vaste pièce et notre table fait face à
une étendue d’eau. Ouf, on est bien. Après s’être bien rassasiés, nous
commençons notre visite par une maison de type M’nong, sur pilotis, que des
hommes sont en train de couvrir de roseaux séchés. Nous apprenons que cette
opération doit être effectuée tous les ans. Ouf ! C’est l’occasion pour
nous de nous faire une idée sur ce que sera notre hôtel ce soir. Le plancher,
fait de bambous et de planches disjointes n’offre pas une surface très
hermétique, mais bon, nous sommes à un bon mètre du sol. C’est l’occasion pour
nous de découvrir que les échelles d’accès, taillées dans un tronc d’arbre,
sont différentes selon que l’on est un homme ou une femme. Celle réservée aux
hommes se termine par deux seins bien ronds et fermes sculptés directement dans
le bois, tandis que celle des femmes reste cylindrique mais… plus longue,
évidemment.
C’est après avoir fait un tour dans le village que nous
commençons à comprendre ce qui nous attend. Partout, des animaux sont là, sous
les planchers des maisons, au pied des échelles. Des cochons se vautrent dans
des mares de boue, ou se battent pour dévorer les soupes qu’on leur verse dans
des écuelles. Partout des chiens sales, qui grognent, quand ils ne sont pas
purement et simplement égorgés pour être mangés. Finalement, Thoa, c’est le nom
de notre guide, une jeune femme qui a fait une thèse sur ces peuplades, nous
emmène voir notre gîte pour la nuit. Il ressemble en tout point à la maison
visitée au début. Mais l’environnement n’a pas grand-chose à voir. Apparemment,
les propriétaires sont de l’autre côté d’un rideau tendu en travers de la pièce
ou nous allons dormir. Si je n’avais pas fait le tour par l’extérieur et si je
n’avais pas eu l’audace de faire une photo de la femme qui se trouvait là, en
train de préparer son repas, et de cette autre, très vieille, qui se tenait
pelotonnée dans son coin, à l’autre bout de la terrasse en hauteur, nous
n’aurions jamais pu connaître leur tête. Notre séjour chez l’habitant se
limitera à ces lits au confort si sommaire que personne ne va réussir à dormir,
sauf Isabelle qui ne dort bien que quand les autres ne dorment pas, mais qui
devra se contenter de pisser au pied de l’échelle, tant la présence proche des
chiens et autres buffles, cochons et couvées sont inquiétant. Au petit jour,
Martine, qui ne cessait pas de se gratter, persuadée qu’elle était d’être
couverte de puces, découvre qu’elle était la proie des fourmis qui avaient
trouver le chemin de son sac et des sucreries qui s’y cachaient.